Dans la bulle précédente, je vous parlais de gestion des émotions. Aujourd'hui, j’ai envie de vous parler d’une émotion en particulier : la colère. Ce qu'elle est, ce qu'elle déclenche physiologiquement et quels sont ses effets sur notre corps, mais aussi ce qui la déclenche, quand est-ce qu'elle est un problème, et enfin, comment la gérer?

Qu’est-ce que la colère?

Si on prend la définition du Larousse, la colère est un état affectif violent et passager résultant du sentiment d'une agression, d'un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné d'une réaction brutale. Et plus concrètement, qu'est-ce que la colère ? C’est une émotion qui fait partie des émotions primaires, au même titre que la tristesse, par exemple, ou la joie.

Si vous voulez en savoir plus sur les grandes émotions primaires, je vous invite à écouter l'épisode de podcast précédent, sur la gestion des émotions. Dans la même série, vous retrouverez aussi un épisode sur la tristesse, sur la surprise, sur la joie et sur le dégoût.

Ressentir de la colère, c'est quelque chose que nous ne contrôlons pas, mais qu’il est naturel de ressentir. Donc, si vous ressentez de la colère, bonne nouvelle, vous êtes humain, humaine !

La colère est une émotion normale et inévitable. Elle est souvent associée à de l'énergie, et même à la négation, à quelque chose de négatif, car c'est quelque chose qui nous emporte, qui dégage de l'énergie, beaucoup d'énergie, et qui nous met en action.

De nos jours, la colère est une émotion qui peut être très, très difficile à vivre en raison de l'éducation qu'on a pu recevoir et des normes sociétales, ainsi que de notre peur à nous. Peur de l'intensité que cette émotion peut apporter, de cette énergie, des débordements qu'elle peut générer chez nous.

La colère, une émotion genrée

L’émotion de la colère est perçue différemment si c'est une femme ou si c'est un homme qui l'exprime. Comme je le disais, la colère est une émotion qui peut être difficile à vivre, surtout chez les femmes. Parce que quand un homme exprime de la colère, on verra plutôt quelqu'un qui pose des limites, qui défend ses positions, qui peut devenir convaincant, voire être agressif, qui peut même faire peur. Alors que lorsque c'est une femme qui exprime de la colère, on va plutôt lui reprocher de ne pas être capable de gérer ses émotions, de perdre le contrôle d'elle-même et sa colère n'est pas acceptable socialement parlant, alors que c'est tout à fait ok qu'elles ressentent de la colère. On va même aller jusqu'à les traiter d'hystériques, alors qu'une femme en colère n’est pas hystérique.

La colère, une émotion saine et positive

La colère est souvent perçue comme quelque chose de très négatif, de très péjoratif dans nos sociétés, alors qu'elle a des vertus. C'est une émotion qui peut être saine si elle est utilisée à bon escient. Je m'explique. Comme la colère est une émotion qui génère beaucoup d'énergie, elle va vous permettre de passer à l'action, de prendre position, d'affirmer vos convictions, de poser vos limites, de vous protéger d'un danger, de mieux vous comprendre et de mieux vous connaître aussi.

Pour pouvoir utiliser la colère de façon positive, il faut apprendre à la gérer.

Comprendre et gérer sa colère

Les manifestations physiques de la colère

Pour mieux comprendre cette colère, voyons les changements physiologiques involontaires qui se produisent quand une personne la ressent.

Bien évidemment, chaque personne réagit de façon différente, mais généralement les réactions physiologiques suivantes sont les plus courantes :

  • hausse de la tension artérielle, ce qui entraîne une augmentation de la température corporelle et un rougissement de la peau. C'est pour ça que des personnes deviennent toutes rouges.
  • hausse de la transpiration et accélération du rythme cardiaque
  • certaines personnes ont les mâchoires qui se serrent, grincent des dents ou serrent très, très fort les dents
  • d'autres ressentent une nervosité accrue (comme si vous étiez agacée) et ont beaucoup d'énergie, comme un trop-plein d'énergie qu'il faut faire sortir de soi. Ce qui se traduit, par exemple, par des comportements comme claquer les portes, parler de façon plus forte, un peu plus agressive, hargneuse, faire les cent pas...
  • certaines personnes vont voir également crier ou dire des choses plus ou moins blessantes de façon plus agressive.

Qu'est-ce qui déclenche la colère ?

La colère constitue une réaction émotionnelle involontaire, que l'on ne contrôle pas. On la ressent lorsque quelque chose nous semble injuste ou inéquitable, ou lorsqu'on fait face à une menace ou quand on pense que quelqu'un va nous faire du mal ou veut nous faire du mal. (Ce qui peut aussi s'appliquer à une personne que l'on aime, à une personne qui nous est proche.) Cette menace peut être physique, psychologique ou même sociale.

La colère peut aussi cacher une autre émotion, comme la peur ou la tristesse. Si, par exemple, vous êtes face à quelqu'un qui vous crie dessus, vous pouvez vous mettre en colère parce que vous avez peur de vous faire agresser physiquement (comme vous vous faites déjà agresser verbalement.), et c'est tout à fait légitime de la ressentir. Mais vous voyez que derrière cette colère, il y a une peur.

Les déclencheurs de la colère

Ce n'est pas une liste exhaustive. Il y a plein de raisons de se mettre en colère, mais voici les grandes catégories que j'ai retenues.

  1. La frustration : c'est une colère réactionnelle, c'est-à-dire que, par exemple, lorsque vous allez vouloir à atteindre un objectif sur un projet et qu’un élément perturbateur extérieur, que vous ne contrôlez pas, vous empêche d'atteindre cet objectif, cela vous crée de la frustration, ce qui peut vous mettre en colère.
  2. Les irritations (tous les tracas du quotidien) : c'est une colère accumulative. Tous les petits tracas qui vous perturbent de jour en jour, par exemple lorsque vous tentez de travailler sur un projet ou quoi que ce soit, et que vous êtes dérangée toutes les deux minutes par un collègue, ou lorsque vous êtes à la maison et qu’on vous interrompt sans arrêt…, tout cela va vous agacer petit à petit et faire monter la la colère, un peu comme une cocotte minute. Et lorsque vous explosez, tout va rejaillir d'un coup.
  3. Les abus : c’est aussi une colère normale et réactionnelle, prévisible suite à un abus verbal, physique ou même sexuel. Par exemple, si quelqu'un vous harcèle verbalement ou vous frappe régulièrement, vous avez le droit de ressentir de la colère, une couleur générée par les abus, c'est-à-dire le non-respect de votre espace privé.
  4. L'injustice : le fait d'être traitée injustement ou de voir quelqu'un de proche se faire traiter de façon injuste, ça peut générer de la colère. Par exemple si vous on vous critique, on vous blâme sans arrêt, ça ressemble un peu au harcèlement. Mais, si vous trouvez une situation injuste, si, par exemple, on vous reproche de ne pas avoir fait quelque chose sans vous avoir donné les moyens de le faire, vous allez trouver ça injuste et cela peut vous mettre en colère.
  5. Autre déclencheur peut-être moins évident : la confrontation, avec quelqu'un ou avec une situation désagréable. Ici, apprendre à tolérer la confrontation peut aider à diminuer la colère, mais aussi à mieux comprendre le point de vue des autres personnes, ce qui peut permettre de résoudre les conflits de façon plus calme. Mais sachez que lorsque vous avez un conflit avec une personne, donc une confrontation, vous allez avoir tendance à vous mettre en colère.
  6. Un symptôme d’un problème médical. Ça peut être, par exemple, un symptôme du syndrome du stress post-traumatique ou encore de la dépression.

Comme je vous le disais, ce sont des grandes catégories. Il y a plein d'autres cas qui peuvent déclencher de la colère.

Quand la colère devient un problème

  • lorsqu’elle est trop fréquente. Si c'est une colère que vous ressentez dans votre quotidien, que vous y faites face chaque jour, cela peut nuire à votre qualité de vie, vos relations ou encore à votre santé.
  • lorsqu'elle est trop intense, qu'elle déclenche une réponse d'adrénaline vraiment très forte et des réactions physiologiques très, très forte, et qu'elle vous pousse à agir de manière impulsive et à vous faire dire des choses que vous regretterez plus tard.
  • lorsqu’elle dure trop longtemps, parce que c'est difficile ensuite de pouvoir réguler son humeur. Et quand vous restez en colère en permanence, la moindre chose, le moindre petit truc va vous faire complètement dégoupiller et sortir de vos gonds, enrager.
  • lorsque elle conduit à l'agression. Quand vous êtes en colère, vous êtes beaucoup plus susceptible de vous en prendre à quelqu'un, que ce soit verbalement ou physiquement, et ça, ce n'est pas du tout la meilleure façon de gérer sa colère ni même de gérer les conflits.
  • lorsqu'elle vous perturbe sur le travail que vous avez à faire ou dans vos relations, que ça soit les relations personnelles ou au travail. Quand cette colère prend tout votre espace mental, votre réflexion… cela va avoir un impact directement sur votre travail, sur vous-même, sur votre famille, vous risquez de perdre vos relations, perdre votre emploi, etc.

Donc la colère peut poser problème si elle devient trop envahissante. Il y a d'autres cas, certainement, que j'ai oublié de citer, qui peuvent être problématiques au niveau de la colère, mais globalement, ce sont les grandes catégories où la colère devient un réel problème pour vous et pour les autres.

Comment gérer cette colère de façon à l'utiliser de manière positive au quotidien ?

Quelques astuces pour canaliser la colère au quotidien.

Faire autre chose

L'une d'elles est, par exemple, de faire autre chose.

  • Quand vous êtes en colère face à une situation, notamment, messieurs, quand vous êtes en colère, plutôt que de frapper, hurler, faites le ménage !
  • Vous pouvez aussi faire du sport, marcher, prendre un grand bol d'air, sortir, partir de là où vous êtes pour exprimer votre colère par le mouvement.
  • Vous pouvez aussi écrire : écrire une lettre à quelqu'un d'imaginaire ou à vous-même. Vous pouvez écrire un mail, si vous préférez.
  • Vous pouvez frapper dans un sac de sport ou dans un oreiller.
  • Mettre la musique à fond et crier pour extérioriser, faire sortir cette énergie due à la colère. Crier, tout simplement si ça vous fait du bien (attention à vos cordes vocales, quand même).
  • Vous pouvez méditer. Mettre de la musique plus calme.

Mais le but, vous l'aurez compris, c'est d'arriver à sortir cette émotion, à la laisser s'exprimer.

Chercher la cause de la colère

À mon sens, ça demande beaucoup plus d'entraînement, mais vous pouvez vous poser la question : “pourquoi je suis en colère ?”. Trouver la source de ce qui vous met en colère. “Pourquoi je réagis comme ça ?” Et ensuite travailler là-dessus.

Faites-vous accompagner

Dernier conseil : faites-vous accompagner par un ou une professionnelle, un ou une thérapeute. Ce peut être des psychologues, des sophrologues, des hypnothérapeutes… Faites-vous accompagner par ces personnes-là qui sauront vous guider et vous apprendre à gérer votre colère au quotidien de façon à ce que cela vous impacte beaucoup moins.

Mais l'important, vous l'aurez compris, c'est de l'exprimer, ne pas la refouler.

C'est normal de se sentir en colère. C'est normal de la laisser s'exprimer tant qu'elle ne nuit pas à autrui ou à soi-même. Quand vous êtes en colère, n'allez pas frapper la personne contre qui vous êtes en colère.

Écrire

Écrivez-vous une lettre. Essayez de prendre du recul par rapport à la situation, pour pouvoir, si vous devez apporter une réponse à la situation qui vous met en colère, le faire à froid, ne pas réagir à chaud, car généralement cela nous dessert puisque cela nous sert.

C’est pour ça qu’il est important de l'écrire. Ça vous permet d'éviter de la ruminer et de laisser sortir tous vos sentiments de colère et la fin, par exemple, vous pouvez la brûler. C’est encore plus fort symboliquement dans le fait d'exprimer, de sortir sa colère.

Car, de façon plus générale, pour gérer une émotion, le but est de l'accepter, d'accepter de ressentir l'émotion, donc là, ici la colère, ensuite de la laisser s'exprimer de façon positive, de façon à ce que ça ne reste pas en soi. Et ensuite d'apprécier le calme qui vient après, ou simplement la fierté de pouvoir gérer l'émotion, et quand vous serez confrontée à des situations similaires, vous pourrez réagir de façon plus positive à chaque fois.

Voilà pour conclure cet épisode sur l'émotion de la colère. C'est une émotion qui, il n'est pas forcément négative, comme vous avez pu le voir, qu’on peut apprendre à se gérer, comme toutes les autres émotions, et qu'il est normal de ressentir des émotions, car nous sommes humains.

Si vous avez envie que je traite d'un sujet en particulier, vous pouvez m'envoyer un message ou me le dire dans les commentaires. J'y répondrai avec plaisir.

En attendant, prenez le temps de respirer.

 

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